Sortant de la chambre de Selina, Bruce était en petite tenue. Vêtu d’un boxer noir, il exhibait sa poitrine et ses jambes dénudées, et ainsi ses cicatrices et ses bleus. Une année passée à Apokolips ne l’avait pas arrangé à ce point de vue. Il portait de nouvelles cicatrices ainsi qu’un tatouage fait au fer rouge sur la planète du tyran. Il observait souvent ses cicatrices devant le miroir, et savait qu’il éprouvait un plaisir presque malsain à sentir Selina les caresser du bout des doigts. Il avait une relation malsaine avec la douleur quelque soit la forme qu’elle prenait, celle d’une cicatrice ou d’une tombe. C’était comme s’il cultivait ses cicatrices et les laissait fleurir encore et encore. Mais c’était un jardin mortifère qu’il cultivait et il le savait.

Bruce avait besoin d’une tasse de café. Il n’y avait pas d’Alfred pour le servir et Selina dormait encore à point fermé. Bruce voulait lui apporter un café au lit à défaut qu’un véritable petit déjeuner digne de ce nom. Selina l’avait ramené à la vie, plus efficacement que le retour sur terre qui pourtant avait été épique et un peu douloureux également. Ce n’était pas exactement un crash, plutôt un atterrissage forcé, pénible, d’autant plus que la terre qu’ils retrouvaient avait été corrompu, dérobée par leurs ennemis. Bruce commençait à échafauder un plan pour reprendre Gotham mais il savait que ce ne serait pas facile ni rapide, et d’ici là, combien payeraient le prix de leur vie ?

Il souleva un pot de fleur et trouva des tasses cachées derrière. Bruce reposa délicatement le pot de fleur, s’étonnant de trouver une plante en parfait état dans l’appartement de Selina. Elle n’avait jamais vraiment eut la main verte même si elle avait toujours eut de l’herbe à chat. Mais cette plante devant lui n’avait rien d’herbe à chat. Il se pencha vers la plante sentant son parfum rare et délicat. Comment une telle plante pouvait avoir survécu à Selina ? Il se rappela alors de l’amitié entre la brunette et la rouquine, souvent une blondinette se joignait au duo diabolique. Les sirènes de Gotham. Bruce savait que Ivy ne devait être loin. Selina n’avait pu abandonner Gotham comme elle n’avait pu abandonner la belle empoisonneuse.

L’ancien milliardaire se retourna. Ivy était là, face à lui. Il réalisa son erreur, cet appartement gigantesque n’accueillait pas seulement Selina. Il avait été trop occupé avec les révélations de Selina pour s’en rendre compte mais à présent, le détective mettait les indices les uns avec les autres et réalisait que les sirènes attendaient leur troisième comparse. C’est pour cela probablement qu’elles s’étaient installées juste à la sortie de Gotham. Elles contrôlaient les allées et venues hors de la ville, permettait au réseau de la résistance de communiquer avec l’extérieur. Ivy n’avait jamais vraiment été très amie avec les justiciers, mais elle préférait la compagnie de Selina à celle des Joker, Double Face ou encore Pingouin peu enclin à laisser de la place aux femmes dans leur terrain de jeu.

Si Batman connaissait bien l’empoisonneuse, Bruce Wayne en revanche, milliardaire excentrique n’avait été que l’une de ses victimes.  Ivy avait voulu qu’il fasse de la tour Wayne le mur végétal le plus impressionnant de la ville, quand Bruce avait refusé en soulignant que cela affaiblirait la structure de la tour pas conçue pour supporter un tel poids, Ivy s’était vengée de lui comme de tous les hommes lui ayant un jour dit non. Il devait sa survie à sa paranoïa et à la rapidité d’agir d’Alfred. « Pamela ? Que faites-vous là ? » fit-il en feignant avec sa voix tremblante la peur.